J’avais rencontré J. deux ans auparavant, dans les prémices de ce projet. Au détour d’une conversation, alors que l’on marchait vers la carrière tout en discutant de tout et de rien, je lui avais demandé si il se souvenait de son premier anniversaire au centre. Dans l’instant, sa voix s’était figée.

Je me souviens oui, mais je ne te raconterai pas, c’est intime et  je ne te connais pas.

Deux années sont passées, je suis revenue sans avoir oublié un seul mot de cet échange-là. J. était toujours au centre, toujours fuyant, mais je connaissais les racines de ces hésitations. Je lui ai laissé le temps de me connaitre, et de prendre sa place dans le projet uniquement quand il le souhaiterait. Une après-midi d’avril, sans prévenir, il est venu vers moi, et a décidé de la suite.

On prendra chacun un appareil photo. On partira dehors, vers chez le fermier. J’aime bien grimper aux arbres, et jouer au foot aussi, on prendra un ballon avec nous. Et sur le retour, je ferai un bouquet de fleurs grand comme le ciel.