Est-ce que tu sais, toi,
ce qui s’oublie de jour
comme de nuit?
Les pages qui (nous) manquent Est-ce que les corps enfermés continuent d’exister, d’espérer? Ou même de respirer? Et faire avec ces vies plongées dans l’oubli
nous permet-il de nous remettre en mouvement ensemble?
Les pages qui (nous) manquent, ce sont tous ces pans de vie qui racontent le chemin qui mène un jour un homme au point le plus bas, ces fragments enveloppés de silence qui portent les espoirs de demain, les manques d’aujourd’hui. Ce sont les pages tournées trop vite, envolées trop tôt, qui n’ont de cesse d’être relues, pour comprendre, et se comprendre.
Les pages qui (nous) manquent, portent les mots, les lignes essentielles et les aplats de lumière de ceux qui luttent jour après jour pour se souvenir de l’éclat du soleil quand il transperce la pupille, de ceux qui ne cherchent pas l’excuse, ni le pardon, mais qui tente de retenir l’homme qui s’est effacé le jour où.
Les pages qui (nous) manquent, est un projet d’art en commun réalisé avec des personnes détenues dont les corps et les pensées se retrouvent privés de se déployer, vingt-deux heures par jour, un projet qui interroge ceux dont la privation de liberté abime la mémoire des corps, des lieux, des liens aux autres.
Un homme peut-il continuer d’exister dans l’oubli ? Peut-il encore supporter la beauté de ses souvenirs dans l’enfer quotidien? Quelle part de lui laisse-t-il disparaitre dans l’obscurité? Le rythme des voix et des corps peuvent-ils se réveiller, et trouver une nouvelle résonnance par la création?Dispositif d’art en commun (travail en cours) avec des hommes détenus (Occitanie)
Qui du corps ou du lieu prend le dessus sur l’autre ? C’est l’un des enjeux de la détention, de toutes les détentions. Des corps qui s’effacent, des murs qui transpirent, des peaux qui résistent, et au milieu de tout ce tumulte des vies qui s’engagent vers ailleurs.
@AnneDesplantez - Leporello sur papier peint (3m de longueur dépliée)
Tu ne sauras plus rien de moi, me dit-il, tout devient trop personnel dès qu’on s’attache à une image.
Bien plus tard, il finira par dire ce qu’il taisait trop. Et il donnera une image, une seule de lui. Qui dit tellement tout, sans rien cacher.