Elle a raison Anaïs,
    ça déforme tout un mur.




Là où passe la lumière

Lever du jour, le portail grince, libérant le passage. Le bruit des corps qui se bousculent, déjà plusieurs heures pour certains que la journée a commencé. Ils viennent de très loin et dormiront ici jusqu’au vendredi. Les pas qui trainent sur un béton humide, novembre n’est pas la saison la plus ensoleillée si près des montagnes. Les voix se frôlent, une nouvelle semaine démarre.

Une grande structure de poutres en bois nous accueille à l’entrée de l’atelier de mensuiserie, jouant avec les rayons de soleil. Du bleu et du rouge cohabitent, des couleurs franches qui tranchent entre elles, non sans rappeler les codes vestimentaires de certains super héros. Et le bruit des machines aussi, assourdi par le port du casque qui donne l’impression de flotter dans un film. Les gestes se croisent, une main caresse une planche tout juste poncée, ailleurs c’est la scie qui découpe alors que plus loin encore, sur une feuille volante, l’esquisse d’un croquis au crayon de bois prend forme. “On crée quand on bâtit”. Christophe nous le rappelle.

Comment montrer un mur avec des mots et le raconter avec des photographies ? Les bâtisseurs de demain mêlent leurs idées les unes aux autres. Parce que les murs ont de la mémoire, ils laissent passer les bruits ; parce qu’ils structurent l’espace, ils deviennent aussi porteurs d’histoire. Les Hommes ont besoin de leurs mains pour les élever. Certains sont rentrés dans l’histoire, d’autres tombent en silence. Et puis une idée surgit, de l’une d’entre eux, Anaïs a raison, ”ça déforme tout, un mur.”

Une salle de classe où des ordinateurs respirent même en l’absence des élèves. Pascal nous attend avec les élèves de seconde, ceux qui viennent d’arriver dans l’établissement, les “nouveaux” comme disent les terminales. Il leur pose une question, simple, mais qui demande une réponse vraie. “Qui est venu ici parce qu’il était en échec scolaire?” Des regards qui se fuient, des soupirs, puis des mains qui se lèvent. Presqu’en totalité. 

Peut-on, à 15 ans, accepter sans se révolter? Comme la pierre qui résiste au ciseau du sculpteur, imposant sa matière, la jeunesse est belle, vivante et vraie.
Avec l’artiste sonore Carine Obin
Textes / Photographies /
Création sonore

Film photographique et sonore // Fanzine  
Projet Occit’avenir soutenu par:DRAC Occitanie
Région Occitanie



Film photographique
Durée 12mn

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