Les longueurs de la route m’obligent à me poser entre deux rencontres,
à définir la nécessité ou pas
de revenir.
Tu connais ses silences
Invitée en résidence par la communauté des communes du Couserans, je suis arrivée sur ce territoire avec l’idée d’aller rencontrer les gens chez eux pour passer du temps avec eux, en famille. J’avais mis en place des ateliers partagés avec la population, des soirées de médiation dans diverses structures sur le territoire [...]. Toutes ces actions étaient mon point d’entrée dans les familles, un prétexte à aller à la rencontre de l’autre, à partager avec les habitants une façon de voir la photographie, et de leur donner envie d’aller plus loin dans le projet. De là, je retournais chez les personnes qui le souhaitaient. On se rencontrait chez eux, avec leur cercle intime. On apprenait à se connaître, mais pas trop non plus, juste le temps de partager une histoire, une interrogation, un moment de silence aussi parfois. Les photographies venaient alors naturellement. Assez rapidement, je sentais qu’il était temps de poser des images sur l’énergie créée par notre rencontre. Mes travaux en photographie se nourrissent beaucoup de l’intimité, la mienne, mais aussi celle des autres. Comment, à partir d’histoires toutes singulières, on bascule sur des questions plus universelles... Textes / Photographies / Création sonore Livre éponyme aux éditions Photopaper Expositions
Projet soutenu par:Communauté des communes du Couserans
ADECC DRAC Occitanie
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Mes travaux en photographie se nourrissent beaucoup de l’intimité, la mienne, mais aussi celle des autres. Comment, à partir d’histoires toutes singulières, on bascule sur des questions plus universelles. La littérature m’accompagne au quotidien. Et c’est assez naturellement que je me suis mise à parler avec mes images comme d’autres le font avec des mots. Il se passe quelque chose de très intime durant les rencontres que je provoque avec l’autre, quelque chose qui va parfois au-delà des images, et des mots. Fascinée par la voix depuis toujours, la résidence m’a offert un long temps de création très libre durant lequel il m’est apparu comme une évidence d’explorer le son en parallèle de l’image.
Je n’ai pas réussi à mélanger les deux sur mes temps de création. Soit je travaillais avec mon enregistreur sonore, soit je travaillais avec mon appareil photo. Cela dépendait beaucoup du moment qui se mettait en place, de son énergie. C’est pourquoi les voix que vous entendez font écho aux personnes que vous voyez.
J’ai ensuite travaillé le son comme je travaille mes photographies. Il a fallu dérusher, trier, couper, renoncer. Jusqu’à monter une bande sonore qui existe, au même titre que les photographies.
Ce que vous entendez ne se voit pas, ce que vous voyez ne s’entend pas. Je voulais une bande sonore qui complète les images, qui respire, qui hésite, qui crie, qui rit.