Ici, les enfants continuent
de danser
face aux étoiles.
PARCE QUE . ICI .
2021-2022
Résidence d’art en commun (en cours)
co-création avec des adolescents placés en Maison d’Enfant à Caractère Social
Projet soutenu par le Réseau Diagonal et le centre d’art et de photographie de Lectoure
Impressions polaroids / Croquis / Écrits
2021-2022
Résidence d’art en commun (en cours)
co-création avec des adolescents placés en Maison d’Enfant à Caractère Social
Projet soutenu par le Réseau Diagonal et le centre d’art et de photographie de Lectoure
Impressions polaroids / Croquis / Écrits
Les corps qui ont connu trop jeunes des traumatismes impossibles à partager continuent-ils de grandir? Ou même d’exister? Est-ce encore possible pour eux, de s’enraciner dans un lieu de transition?
Parce que ici, c’est le lieu où chaque enfant en danger est recueilli pour être nourri, logé, éduqué. Mais également entendu, soigné, respecté. C’est le lieu où la vie est ce qu’elle devrait être ailleurs.
Parce que là-bas n’existe plus, il reste ici, ce lieu qui fixe, qui accompagne, qui écoute, qui accepte l’autre, et son altérité.
Parce que ici, c’est le lieu qui porte chaque histoire de reconstruction de celles et ceux qui n’auraient pas dû se retrouver là. De toutes celles et ceux qui auraient dû grandir dans une famille ordinaire, avec des parents ordinaires, de l’amour sans condition, un toit, des liens, une projection, un avenir. Qui ont perdu les mots pour le dire. Mais qui continuent pourtant de danser face aux étoiles.
Parce que . ici . est un projet d’art en commun réalisé avec ces adolescents placés en foyer de leur plus jeune âge jusqu’à leur majorité.
Faire avec ces jeunes que les corps agitent et bousculent a été au coeur de ce projet. Ensemble, jour après jour, nous avons travaillé jusqu’à trouver comment rester au plus juste de leurs histoires personnelles. Impressions polaroids, croquis esquissés à partir de photographies, écrits, au fur et à mesure que le projet avançait, les liens se sont tissés entre tous, les mots des uns entrant en écho avec les images des autres, jusqu’à interroger avec eux la mémoire des corps, la reconstruction des liens qui se tissent aux lieux, aux autres, à l’oubli aussi sans doute.
Parce que ici, c’est le lieu où chaque enfant en danger est recueilli pour être nourri, logé, éduqué. Mais également entendu, soigné, respecté. C’est le lieu où la vie est ce qu’elle devrait être ailleurs.
Parce que là-bas n’existe plus, il reste ici, ce lieu qui fixe, qui accompagne, qui écoute, qui accepte l’autre, et son altérité.
Parce que ici, c’est le lieu qui porte chaque histoire de reconstruction de celles et ceux qui n’auraient pas dû se retrouver là. De toutes celles et ceux qui auraient dû grandir dans une famille ordinaire, avec des parents ordinaires, de l’amour sans condition, un toit, des liens, une projection, un avenir. Qui ont perdu les mots pour le dire. Mais qui continuent pourtant de danser face aux étoiles.
Parce que . ici . est un projet d’art en commun réalisé avec ces adolescents placés en foyer de leur plus jeune âge jusqu’à leur majorité.
Faire avec ces jeunes que les corps agitent et bousculent a été au coeur de ce projet. Ensemble, jour après jour, nous avons travaillé jusqu’à trouver comment rester au plus juste de leurs histoires personnelles. Impressions polaroids, croquis esquissés à partir de photographies, écrits, au fur et à mesure que le projet avançait, les liens se sont tissés entre tous, les mots des uns entrant en écho avec les images des autres, jusqu’à interroger avec eux la mémoire des corps, la reconstruction des liens qui se tissent aux lieux, aux autres, à l’oubli aussi sans doute.
Extraits d’écrits - Anne Desplantez
Depuis deux jours, c’est l’agitation au foyer. Romain est parti battre la campagne. Le super-héros s’est envolé sans sa cape, baskets aux pieds. Il a envoyé valser cartable, autorité, foyer, santé. Il en avait plus rien à battre de tout ça, il allait leur prouver à tous qu’il était bien vivant, bien présent, et que quand il manquait à l’appel, il manquait tout court.
Romain est parti battre la campagne, et a laissé derrière lui sa vie sous contrainte partagée entre les journées au lycée, les soirées au foyer. Cela fait deux jours qu’il se lève quand il veut, se couche quand il peut, qu’il peut fumer, boire à volonté. Provoquer, insulter, blaguer de n’importe quoi, à n’importe qui.
Deux jours que sa vie fait fantasmer tous ses amis restés assis sur le banc dans la cour, à côté du baby qui attend, immobile, le retour du fugueur. Le coeur n’est plus au foot depuis que Romain ne répond plus.
Cette fois, Romain les a lâchés, et ça, c’est dur à encaisser. Pas moins que de voir tous les éducateurs autour continuer leur ballet, l’air ordinaire, sans un mot sur Romain, ni sur son absence.
Romain est parti battre la campagne. Le super-héros s’est envolé sans sa cape, mais a semé des petits cailloux sur son trajet. Aucun adulte ici n’ignore où il se planque. Mais tous se taisent. Et laissent la porte ouverte après l’heure du couvre-feu. Romain avait besoin de mettre sa liberté à l’épreuve. Il doit prendre, seul, la décision de rentrer.
Depuis deux jours, c’est l’agitation au foyer. Romain est parti battre la campagne. Le super-héros s’est envolé sans sa cape, baskets aux pieds. Il a envoyé valser cartable, autorité, foyer, santé. Il en avait plus rien à battre de tout ça, il allait leur prouver à tous qu’il était bien vivant, bien présent, et que quand il manquait à l’appel, il manquait tout court.
Romain est parti battre la campagne, et a laissé derrière lui sa vie sous contrainte partagée entre les journées au lycée, les soirées au foyer. Cela fait deux jours qu’il se lève quand il veut, se couche quand il peut, qu’il peut fumer, boire à volonté. Provoquer, insulter, blaguer de n’importe quoi, à n’importe qui.
Deux jours que sa vie fait fantasmer tous ses amis restés assis sur le banc dans la cour, à côté du baby qui attend, immobile, le retour du fugueur. Le coeur n’est plus au foot depuis que Romain ne répond plus.
Cette fois, Romain les a lâchés, et ça, c’est dur à encaisser. Pas moins que de voir tous les éducateurs autour continuer leur ballet, l’air ordinaire, sans un mot sur Romain, ni sur son absence.
Romain est parti battre la campagne. Le super-héros s’est envolé sans sa cape, mais a semé des petits cailloux sur son trajet. Aucun adulte ici n’ignore où il se planque. Mais tous se taisent. Et laissent la porte ouverte après l’heure du couvre-feu. Romain avait besoin de mettre sa liberté à l’épreuve. Il doit prendre, seul, la décision de rentrer.
Vues d’exposition - Centre et de photographie de Lectoure
À propos - Marie-Frédérique Hallin - Directrice Centre d’art et de photographie de Lectoure
Anne Desplantez aime aller vers l'autre, l'écouter, le raconter, s'interroger sur la façon dont chacun se construit en relation à l'autre et au lieu où il grandit, vit et travaille. Comment, à partir d'histoires ordinaires, on peut raconter le monde.
Au départ du processus de création, l'artiste s'installe dans un nouveau lieu, se fondant dans les paysages, observant la vie autour, écoutant les voix et les murmures. Elle attend. Rapidement, les liens se tissent, les échanges se créent. Émergent alors des histoires de vie singulières, des histoires qui se croisent sans le savoir, qui se répondent ou se questionnent.
Avec la photographie, elle observe les corps qui entrent en résonance avec les lieux de vie. Avec les mots, elle capte les histoires de chacun, les hésitations, les tremblements, les silences. Les photographies et les témoignages sonores ou écrits lui permettent de garder des traces de toutes ces rencontres hors du temps. Multiplier les supports de création permet à chacun de participer à sa façon à la rencontre, de donner ce qui lui semble important, un écrit, un dessin, une voix.
La construction d’un tout cohérent, créant des liens invisibles entre toutes ces histoires vient dans un second temps, un temps précieux durant lequel les échanges avec les acteurs du projet sont nombreux, riches de sens et nécessaires. Trier les photos, travailler le son, écrire sur des sensations, puis assembler jusqu'à donner du sens, trouver des voix qui répondent aux images, des écrits qui interrogent les photographies,...
Anne Desplantez aime aller vers l'autre, l'écouter, le raconter, s'interroger sur la façon dont chacun se construit en relation à l'autre et au lieu où il grandit, vit et travaille. Comment, à partir d'histoires ordinaires, on peut raconter le monde.
Au départ du processus de création, l'artiste s'installe dans un nouveau lieu, se fondant dans les paysages, observant la vie autour, écoutant les voix et les murmures. Elle attend. Rapidement, les liens se tissent, les échanges se créent. Émergent alors des histoires de vie singulières, des histoires qui se croisent sans le savoir, qui se répondent ou se questionnent.
Avec la photographie, elle observe les corps qui entrent en résonance avec les lieux de vie. Avec les mots, elle capte les histoires de chacun, les hésitations, les tremblements, les silences. Les photographies et les témoignages sonores ou écrits lui permettent de garder des traces de toutes ces rencontres hors du temps. Multiplier les supports de création permet à chacun de participer à sa façon à la rencontre, de donner ce qui lui semble important, un écrit, un dessin, une voix.
La construction d’un tout cohérent, créant des liens invisibles entre toutes ces histoires vient dans un second temps, un temps précieux durant lequel les échanges avec les acteurs du projet sont nombreux, riches de sens et nécessaires. Trier les photos, travailler le son, écrire sur des sensations, puis assembler jusqu'à donner du sens, trouver des voix qui répondent aux images, des écrits qui interrogent les photographies,...